Le poids de l’imprévoyance pour chacun (2/2)

La généralisation de la complémentaire santé masque une réalité contrastée : les risques majeurs sont souvent occultés. Mal informés, les Français sont dépendants de la couverture proposée ou non par leur employeur. Salarié ou travailleur non salarié, fonctionnaire, chômeur, comment sont-ils couverts ? Et comment mieux les accompagner lorsqu'un coup dur bouleverse leur vie ou celle d'un proche ?
Le poids de l’imprévoyance pour chacun (2/2)

Il est impératif d’améliorer l’exercice des droits

Catherine Rouchon, directrice générale MUTEX/Groupe Vyv

Quelle conduite doit tenir un assureur mutualiste pour faciliter l’accès aux droits ?

Alors que les conséquences de la crise sanitaire et sociale vont amener à une hausse des défaillances d’entreprise et du nombre de chômeurs, nous travaillons à faciliter l’accès du droit à la portabilité pour les salariés licenciés. L’obligation d’information repose en principe sur l’employeur. Mais en pratique, on perd souvent la trace du salarié lorsqu’il quitte l’entreprise. Une alternative envisageable serait que le chômeur ait accès à tous ses droits via Pôle emploi, dans un espace personnel par exemple. Une autre voie serait de traiter les données des DSN transmises par l’employeur. Une troisième possibilité, à plus long terme, serait de s’inspirer de l’assurance paramétrique. Il s’agirait de croiser des données internes avec des données externes publiques pour déclencher automatiquement les droits sans que la personne ou ses ayants droit n’aient à le faire. On pense tout de suite au cas du décès, mais cela pourrait se révéler aussi pertinent pour déclencher le dispositif de portabilité pour un chômeur. L’exercice des droits ne passe pas en effet forcément par une réclamation individuelle, en tout cas celle-ci a ses limites.

Nous sommes là pour limiter les zones de stress

Eric Vilon, directeur général RMA/Groupe Vyv

De quelle manière RMA accompagne un bénéficiaire touché par un aléa ?

Je voudrais vous partager l’histoire d’une femme de 43 ans, mère de deux enfants, frappée par un cancer. Le premier contact consiste à l’écouter et à évaluer ses besoins. Dans son cas, un soutien psychologique lui a permis d’accepter la situation et d’apaiser ses angoisses. Nous l’avons ensuite aidé à désamorcer les inquiétudes liées au quotidien. En l’espèce, il s’agissait d’évaluer les impacts financiers de sa situation et d’identifier les aides légales et extra-légales adaptées au-delà de l’indemnité classique. Deuxième inquiétude pour elle, ne pas négliger sa famille. Pour ce faire, nous avons assuré un accompagnement des enfants dans leurs activités extra-scolaires et mis en place une aide à domicile pour les tâches ménagères. L’objectif est d’actionner les leviers à notre disposition pour répondre de manière ciblée aux besoins de chacun.

L’employeur public doit être exemplaire

Luc Farré, secrétaire général de l’UNSA Fonction Publique

Quelle est la situation actuelle des fonctionnaires ?

Aujourd’hui, la participation des employeurs publics à la protection sociale complémentaire des fonctionnaires est insuffisante, avec un financement facultatif et souvent minime. Pour les contractuels, la situation peut être encore plus précaire. À l’UNSA, nous pensons que la protection sociale complémentaire doit nécessairement comporter un volet prévoyance, et doit concerner les titulaires comme les contractuels, les actifs comme les retraités.

La réforme de la protection sociale complémentaire des fonctionnaires peut-elle être facteur d’amélioration ?

Le projet d’ordonnance prévoit l’obligation de participation à hauteur de 20 % des employeurs territoriaux pour le volet prévoyance. Dans la fonction publique de l’État et hospitalière, cett prise en charge restera facultative. À l’UNSA, nous avons proposé de passer la participation de l’employeur public de 20 % à 50 %. Nous pensons aussi qu’il faut prévoir un dispositif de couplage des offres en santé et en prévoyance. Nous serons extrêmement vigilants au fait que tous les fonctionnaires et contractuels bénéficient, à l’avenir, d’une meilleure couverture prévoyance de la part de l’État employeur et des employeurs publics, qui se doivent d’être exemplaires en la matière, en particulier, en cas d’invalidité. Souvent cette situation se traduit par une liquidation anticipée des droits à la retraite. Ainsi un agent devenu invalide jeune ne jouira pas d’une retraite suffisante.

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