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Sans eau de qualité, il n’y a pas de santé humaine, animale ou végétale possible. C’est pourquoi l’eau du robinet est en France l’un des aliments les plus contrôlés. Cette exigence de qualité doit garantir la santé des populations. La présence de pesticides, nitrates, résidus médicamenteux, microplastiques altère la qualité de l’eau. A tel point que l’eau potable ne l’est parfois plus, en présence d’acide trifluoroacétique, un «polluant éternel» dérivé de certains pesticides. Cette situation expose la majorité des Français à des pathologies associées qui vont d’intoxications ponctuelles à des cancers tels ceux qui affectent les enfants de la plaine d’Aunis. L’eau constitue donc un déterminant de santé majeur, encore trop souvent inconsidéré.
Par ailleurs, les inégalités territoriales et sociales d’accès à l’eau potable restent fortes. Entre 400 000 et 600 000 personnes sont privées d’un accès continu et sécurisé et à l’assainissement en France. C’est un enjeu majeur pour nos concitoyens ultramarins notamment. L’augmentation du prix de cette ressource pèse également sur le budget des familles : plus d’un million de ménages peinent à payer leurs factures d’eau. Cette situation insupportable va se tendre avec le réchauffement climatique.
Transformation profonde de notre rapport à l’eau
Sécheresses plus fréquentes et intenses, épuisement des nappes phréatiques… Ces phénomènes vont s’intensifier avec des conséquences multiples : tensions sur l’approvisionnement, conflits d’usage, impacts sur la biodiversité… La France n’est pas épargnée, les derniers étés montrent que des territoires usuellement bien pourvus se heurtent au stress hydrique. Ces défis exigent une transformation profonde de notre rapport à l’eau. Le plan national de sobriété vise une baisse de 10 % de la consommation, mais les données du ministère de la Transition écologique montrent que nous disposons désormais de ressources estivales en eau parfois inférieures de 25 % à la moyenne disponible sur les dix dernières années.
L’eau s’impose donc comme un bien commun, qui appelle une gestion collective, solidaire et démocratique. J’aimerais saluer à cet égard les initiatives comme Terres de sources qui proposent une solution concrète pour diminuer les intrants, en sécurisant les débouchés économiques des producteurs engagés dans la démarche. C’est un projet concret qui fédère, reconnaissant le lien entre notre activité humaine et les écosystèmes.
Devoir collectif
Pour les mutualistes, l’enjeu est de créer des stratégies d’alliance et de dialogue avec les acteurs au service d’une bonne santé. Cela passe notamment par l’accompagnement de la prise de conscience sur l’importance de l’eau et la nécessité de s’impliquer dans sa pérennité : soit directement, en suivant des règles comme réduire sa consommation, arrêter les produits polluants, ou indirectement en participant à des initiatives et projets locaux.
Ces projets peuvent intervenir à chaque niveau : soutien aux pratiques agricoles durables, investissement dans des infrastructures de traitement de l’eau performantes, politiques ambitieuses de prévention des pollutions, garantie d’un accès à l’eau pour tous à un prix abordable, éducation à une consommation responsable.
Si cet enjeu de l’eau paraît éloigné des métiers de nos mutuelles, il est pourtant évident qu’agir pour l’eau et plus largement sur le champ de l’alimentation, c’est nous permettre de vivre en meilleure santé. L’eau est au cœur de notre santé et de notre société. Face aux défis climatiques, il est de notre devoir collectif de la protéger et d’en faire un enjeu de citoyenneté active, pour garantir un avenir sain et durable.