Prévention des risques psychosociaux et de l’absentéisme en entreprise

Nicole Chaussin, responsable département conception Santé et Qualité de vie au travail du Groupe VYV détaille la démarche de prévention en santé mentale mise en place par le groupe et revient sur les premiers résultats constatés.
Prévention des risques psychosociaux et de l’absentéisme en entreprise
Date de publication : 21 mars 2025

Pourquoi la prévention des risques psychosociaux (RPS) et de l’absentéisme est-elle aujourd’hui un enjeu majeur pour les entreprises ?

Les risques psychosociaux (RPS) ont des conséquences directes sur les individus et les collectifs de travail. Ce sont des risques professionnels en constante augmentation, avec des effets notables sur l’organisation du travail. Lorsqu’un collaborateur est en souffrance, il s’absente, ce qui génère des perturbations dans le fonctionnement de l’entreprise : surcharge de travail pour les collègues, nécessité de remplacements, baisse de la qualité et de la productivité, et in fine, un impact économique non négligeable.

Il est aujourd’hui établi que ces situations peuvent être anticipées et gérées. Ne pas agir coûte bien plus cher à l’entreprise que de mettre en place des dispositifs de prévention. L’enjeu est donc de développer une approche proactive pour limiter ces coûts et préserver la santé des salariés. Par ailleurs, depuis 2019, et particulièrement avec la crise sanitaire de la COVID-19, ces problématiques se sont accrues, rendant encore plus indispensable une approche structurée de prévention.

 

La crise sanitaire a-t-elle réellement déclenché cette prise de conscience ou n’a-t-elle fait que révéler une situation préexistante ?

Les RPS existaient déjà avant la crise sanitaire, mais la COVID-19 a eu un effet catalyseur. Elle a modifié la perception du travail et généré une augmentation du télétravail, impactant la cohésion des collectifs de travail. Les chiffres sont explicites : entre 2019 et 2023, les indicateurs de la DREES montrent une augmentation de six points des troubles liés aux RPS. De plus, ces problèmes surviennent désormais plus tôt dans la carrière. Alors qu’en 2019, l’âge moyen des salariés touchés était de 43 ans, il est aujourd’hui descendu à 41 ans.

Les manifestations de ces risques, comme le burn-out, sont en augmentation et traduisent une dégradation des conditions de travail et des relations professionnelles. La crainte de perdre son emploi, la pression accrue ou encore la surcharge de travail sont autant de signaux qui illustrent la présence de RPS au sein d’une organisation.

 

Quels sont les freins qui persistent dans la prévention des RPS et de l’absentéisme ?

Les entreprises prennent de plus en plus en compte ces questions, et l’on observe une augmentation du nombre d’accompagnements et de demandes d’intervention. Cependant, il reste des axes d’amélioration. L’un des principaux freins est le manque de maturité sur ces sujets. Il est essentiel d’expliquer que la santé des salariés et la performance économique et sociale sont liées.

Un autre obstacle réside dans la peur suscitée par ces questions. Les RPS sont perçus comme un sujet complexe et difficile à traiter. Pourtant, il existe des solutions et des marges de manœuvre pour agir. L’employeur a non seulement une obligation légale de protéger la santé de ses salariés, mais il détient également les clés pour améliorer l’organisation du travail.

Enfin, il est crucial de développer l’autonomie des entreprises sur ces sujets. La prévention doit s’inscrire dans le quotidien. Notre rôle est donc de leur fournir des outils concrets et actionnables sans qu’elles aient besoin d’un expert présent en permanence.

 

Comment l’offre SQVT (Santé et Qualité de Vie au Travail) permet elle d’agir en amont ?

Notre approche repose sur une structuration en plusieurs étapes, adaptée à chaque organisation. Toutes les structures n’ont pas les mêmes moyens, la même culture d’entreprise ou les mêmes risques. Par exemple, l’accompagnement d’une entreprise de l’ESS diffère de celui d’un grand groupe industriel.

Nous proposons des parcours progressifs :

  1. Sensibilisation : informer les employeurs et les parties prenantes sur les enjeux des RPS.
  2. Évaluation : collecter des indicateurs quantitatifs et qualitatifs (plaintes, ressentis, relations au sein des collectifs de travail).
  3. Analyse : identifier les causes profondes des problèmes identifiés.
  4. Action : mettre en place des dispositifs concrets comme des formations, des accompagnements au changement de la politique RH, du management, ou des dispositifs de gestion de crise.

Nous nous appuyons sur un réseau de 70 préventeurs ainsi que sur des expertises formées à la méthodologie de l’ANACT, afin de renforcer l’efficacité de nos interventions.

 

Avez-vous des exemples concrets d’initiatives qui ont porté leurs fruits ?

En 2024, nos interventions ont principalement porté sur la charge de travail, le mal-être et la question du sens au travail. Nous avons accompagné de nombreuses structures, privées et publiques, sur la formation des encadrants, l’analyse des RPS et le développement de politiques d’attractivité et de fidélisation.

Il est cependant difficile de citer des entreprises précises sans autorisation. Mais nos actions ont permis de réduire les tensions et d’améliorer la cohésion au sein des collectifs de travail.

 

Peut-on mesurer l’impact de ces actions ?

Oui, et nous nous basons sur deux types d’indicateurs :

  • Santé au travail :,. taux d’absentéisme (gravité/ fréquence…), étude des risques psychosociaux (RPS) au travers de l’identification des symptômes, l’expression des ressentis, du recueil de plaintes, et de l’analyse des relation au sein des collectifs de travail.
  • Consommation de soins : analyse des données prévoyance et santé.

Les études réalisées par notre Observatoire de l’imprévoyance montrent que 35 % des entreprises de plus de 20 salariés ont mis en place des actions de prévention en santé mentale. Par ailleurs, 48 % des responsables RH estime que ces initiatives ont eu un impact positif sur la réduction des arrêts de travail.

Des études européennes montrent qu’1€ investi en prévention peut générer jusqu’à 13€ de gains, en limitant les coûts de remplacement et en améliorant la productivité.

 

Quel message souhaiteriez vous adresser aux entreprises ?

Ne restez pas seules face à ces difficultés. Les RPS ne sont pas une fatalité. Il est essentiel d’agir sans attendre que la situation ne dégénère. Les experts des mutuelles du Groupe VYV sont là pour accompagner les entreprises dans cette démarche.

 

 

 

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