Les pistes d’économies sur les dépenses sociales
Le déficit de l’Assurance maladie, estimé à 16 milliards d’euros pour 2025, pourrait se creuser encore davantage à horizon 2030 pour atteindre 41 milliards. Entre la hausse des tarifs de consultation des médecins ou encore la forte progression des dépenses de médicaments et des indemnités journalières, des économies sont attendues ces prochaines années.
Le projet de loi de la Sécurité sociale pour 2026 prévoit plusieurs pistes d’économies telles que la création d’une participation forfaitaire pour les actes et consultations dentaires, la création d’une franchise médicale sur les dispositifs médicaux, le développement de la prévention avec la vaccination, l’obligation d’utiliser le dossier médical partagé ainsi que la réforme de la prise en charge des affections de longue durée (ALD).
La lutte contre « l’explosion » des arrêts maladie est également un sujet d’actualité avec plusieurs propositions pour réduire les coûts de la Sécurité sociale :
– limiter la primo prescription à 15 jours en ville et 30 jours à l’hôpital,
– préciser les motifs de l’arrêt sur l’avis d’arrêt de travail,
– limiter la période de versement des indemnités journalières en cas d’AT-MP à 4 ans.
En complément de toutes ces solutions, un projet de loi pour lutter contre la fraude fiscale et sociale est une des principales pistes d’économie sur les dépenses sociales.
Les mesures pour lutter contre la fraude
Le projet de loi contient plusieurs articles autour de grands objectifs : améliorer la détection de la fraude, adapter les leviers de lutte aux nouvelles formes de fraudes, renforcer les sanctions et garantir un meilleur recouvrement des montants fraudés.
L’article 3 de la proposition de loi représente une avancée significative pour les organismes complémentaires (OCAM) pour mieux détecter, sanctionner et recouvrer les fraudes. Tout d’abord, il permet de donner un cadre légal aux OCAM pour traiter les données de santé à caractère personnel pour le remboursement des frais de santé, le contrôle de l’exécution des contrats et la lutte contre la fraude. De plus, il permet de définir le cadre juridique des échanges entre l’assurance maladie obligatoire et les organismes complémentaires.
Le projet de loi prévoit également que les entreprises de transport sanitaire et les entreprises de taxis, ayant conclu une convention avec un organisme local d’assurance maladie, doivent équiper l’ensemble de leurs véhicules d’un dispositif de géolocalisation certifié et d’un système électronique de facturation intégré.
En parallèle, l’utilisation du nouveau formulaire Cerfa sécurisé, obligatoire depuis le 1er septembre 2025, est un outil clé pour lutter contre les arrêts de travail frauduleux.
Ce projet de loi permettrait au gouvernement de récupérer 1 milliard d’euros supplémentaire dans la lutte contre les fraudes, dès 2026.
Les chiffres clés liés à la fraude
En 2024, l’Assurance maladie a :
• détecté et stoppé 628 millions d’euros de fraudes,
• évité 263 millions d’euros de préjudices,
• doublé les actions contentieuses avec près de 20 000 procédures engagées (dont 8 400 pénales),
• neutralisé 115 millions d’euros de fraudes dans le secteur des audioprothèses,
• déconventionné 30 centres de santé pour pratiques frauduleuses,
• bloqué 60 % des fraudes aux arrêts de travail avant paiement.
Les fraudes à l’Assurance maladie sont complexes et la répartition par catégories d’acteurs montre que 52 % des fraudes sont commises par des assurés, pour 18 % des montants et que 27 % des fraudes sont commises par des professionnels de santé, pour 68 % des montants.
*sources : les chiffres de la CNAM
