« La santé mentale est un enjeu de santé publique »

Dans cette interview de Samuel Galtié, Directeur National Santé Mentale de VYV 3 et Directeur des pôles Santé Mentale et Médicosocial MGEN, découvrez comment le Groupe VYV et VYV 3 se mobilisent pour prévenir et agir dans le champ de la santé mentale. 

« La santé mentale est un enjeu de santé publique »
Date de publication : 07 avril 2025

En cette année 2025, la santé mentale est une priorité de santé publique puisqu’elle a officiellement été désignée grande cause nationale. Que fait VYV 3 et plus largement le Groupe VYV pour prévenir les troubles de santé mentale ?

Samuel Galtié : Un Français sur 5 est touché par un troubles psychique chaque année, ce qui en fait un enjeu de santé publique. Face à ce constat, la santé mentale est depuis maintenant plusieurs années au cœur de la stratégie prévention du Groupe VYV et de VYV 3. L’action du groupe est tournée à la fois vers le grand public mais aussi les adhérents et les patients ainsi que les entreprises.

Pour le grand public, nous nous focalisons sur la déstigmatisation. Celle-ci concerne tant les patients, que leur famille ou bien encore les professionnels. Dans cette optique, nous avons édité un guide dédié « Santé mentale, si on osait en parler ! ». Nous nous inscrivons chaque année dans les Semaines d’Information en Santé Mentale où nous menons des actions d’information sous forme d’ateliers, de ciné-débats auprès d’un large public. De la même façon, nous nous inscrivons dans le collectif « Santé Mentale, grande cause Nationale » qui porte un projet de visibilité de la santé mentale vers le grand public avec trois objectifs : informer, prévenir et déstigmatiser.

Pour nos adhérents à travers les différentes maisons du Groupe VYV, nous proposons un parcours santé mentale sur la plateforme Vivoptim. Après un autodiagnostic, un accompagnement individualisé est proposé associant des webinaires, des challenges, voire des entretiens avec des professionnels coachs ou psychologues.

Au-delà de l’aspect préventif, comment agissez-vous dans le champ de la santé mentale ?

Samuel Galtié : Au sein de VYV 3, nous avons tout un réseau d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux intervenant dans le champ de la santé mentale, inscrits sur leurs territoires.  Les établissements sanitaires répondent aux besoins de leur territoire d’implantation avec des prises en soins incluant de l’hospitalisation complète, de l’hôpital de jour et de la consultation. Quant à l’accompagnement de personnes vivant avec des troubles psychiques stabilisés, il s’opère dans des établissements médico-sociaux et des services sociaux. Le logement a aussi toute sa place dans le prendre soin : nous avons développé des établissements et services spécifiques pour des personnes vivant avec des troubles psychiques. Le travail est une composante de l’équilibre psychique, nous développons donc une offre qui favorise l’insertion professionnelle. Ainsi l’Atelier Thérapeutique de Réadaptation par le travail qui est un service de l’Etablissement de Santé Mentale MGEN de Paris offre une prise en charge spécifique. Des patients en rupture de travail vont bénéficier à la fois de soins psychiques, et d’une aide à la réorientation professionnelle. La réinsertion est activée par des groupes thérapeutiques au sein de l’établissement mais aussi des mises en stage dans des entreprises ordinaires. Cette offre, d’abord proposée pour les enseignants, l’est maintenant pour tous les assurés sociaux. Cette action est sous-tendue par l’observation que le travail est un lieu collectif complexe où il faut savoir se dévoiler mais aussi se protéger. Des actions sont aussi proposées par VYV 3 de façon plus directe dans des Entreprises Adaptées et des ESAT qui reçoivent des personnes présentant des troubles psychiques stabilisés.

Depuis la crise Covid et avec le phénomène d’éco-anxiété, les jeunes sont plus particulièrement touchés par des problèmes de santé mentale, notamment des troubles anxieux et dépressifs. Comment VYV 3 les aide concrètement ?

Samuel Galtié : Au sein de nos établissements, nous déployons des dispositifs d’accompagnement novateurs pour aider les adolescents et jeunes adultes à aller mieux, à prendre soin de leur santé mentale, car à cette période de la vie, ils traversent une multitude d’émotions pas toujours faciles à gérer. Aujourd’hui, on voit beaucoup de troubles de l’identité, de troubles alimentaires, d’éco-anxiété ou d’anxiété sociale chez les jeunes qui peuvent conduire à des idées suicidaires ou des passages à l’acte.

Nous avons développé des offres spécifiques seuls ou en partenariat. Au sein de nos établissements de santé mentale MGEN, il s’agit notamment de services « soins études » à La Verrière et à Chanay, d’accompagnements spécifiques pour les troubles du comportement alimentaire au sein de l’Institut la Verrière et de l’Etablissement de santé mentale de Paris, d’hospitalisation de jour spécifique pour les Jeunes, Dispopsy à l’ESM de Bordeaux, ou l’Espace santé jeunes de l’ESM de Lyon. VYV 3 Bourgogne a accompagné la création du Di’Gem, groupe d’entraide mutuelle jeunes, visant leur rétablissement grâce au soutien de leurs pairs et à la création de liens sociaux. Nous adaptons nos offres en fonction des territoires, afin de mieux répondre aux besoins des jeunes.

Vous avez chez VYV 3, 36 000 collaborateurs dont plus de 30 400 professionnels de santé. Que faites-vous pour prendre soin de la santé mentale des soignants ?

Samuel Galtié : Tout d’abord, nous mettons à disposition de nos managers un certain nombre de ressources afin de les sensibiliser aux risques psychosociaux de leurs collaborateurs, comme des podcasts autour de la surcharge mentale, du multitâche, du manque de sommeil, ou encore des animations mensuelles « Les quarts d’heure RPS ». Dans cette même logique de prévention, nous mettons en place des formations Premiers Secours en Santé Mentale. Aujourd’hui, on compte une dizaine de formateurs PSSM parmi nos professionnels VYV 3. Ces formateurs accompagnent des collaborateurs en interne, comme au sein VYV 3 Normandie, mais aussi des partenaires, comme chez VYV 3 Bourgogne et à l’Institut MGEN de la Verrière.

En 2024, à l’occasion de notre séminaire managérial annuel, il avait été organisé une conférence intitulée « Prendre soin de celles et de ceux qui prennent soin », avec le regard croisé de Dr Bénédicte Jullian, psychiatre et responsable du DIU « Prendre soin des soignants » à l’université de Toulouse, d’Alexis Bataille-Hembert, infirmier, consultant et corédacteur d’un rapport sur la « santé des professionnels de santé » et du Dr Nicolas Lacoste, psychiatre et médecin chef à l’établissement santé mentale MGEN de Bordeaux. La dimension de la santé mentale a pris une large place lors de cette table-ronde, en mettant en exergue ce qui existe déjà dans certains de nos établissements, des « endroits de traitement » pour les soignants, où ils ont une oreille attentive et la possibilité d’exprimer leur ressenti, d’obtenir un retour positif sur leur travail. Car il est important de prendre soin de la santé mentale de nos collaborateurs, dans la lignée de notre Raison d’être « Se mobiliser chaque jour, au cœur des territoires, pour prendre soin de chacun ».

D’après votre expérience, quel conseil donneriez-vous pour se sentir mieux dans sa tête ?

Samuel Galtié : Tout d’abord, c’est accepter que nous ne sommes pas des super héros, et que nous traversons toutes et tous des moments de vie plus simples que d’autres. Notre capacité à y faire face dépend à la fois de ce que nous avons vécu, de qui nous sommes, et de nombreux facteurs environnementaux. A certains moments, il est important de se faire accompagner, ce qui ne signifie pas pour autant que ce soit durable.

Ensuite, c’est utile de se constituer un entourage sur lequel on peut compter et de maintenir des liens sociaux réguliers. L’interaction que l’on peut entretenir avec les autres est un élément essentiel ! Pratiquer une activité physique régulière est également un élément important pour entretenir son bien-être physique et mental, et ce, sans compétition. C’est aussi bien un moyen de lutter contre le stress et l’anxiété, de réguler ses émotions que d’améliorer son humeur et son estime de soi. L’alimentation est aussi un point d’attention. Si la composition des repas influe sur le fonctionnement psychique avec, par exemple, le sucre qui donne un coup de fouet mais entraîne rapidement une baisse de tonus, la dimension relationnelle est importante. Préparer un repas et le partager en groupe renforce les liens sociaux et l’image que nous avons de nous-mêmes. Enfin, ne pas oublier de se faire plaisir, d’identifier ce qui est important pour soi, et de prendre soin de soi autant que possible.

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