« Je plaide pour un Parlement de l’ESS »

Candidat à la succession de Jérôme Saddier à la présidence d’ESS France lors du scrutin qui se tiendra le 10 avril prochain, Stéphane Junique fait de la création d’un Parlement de l’ESS l’axe fort de sa campagne. Interrogé par Mediatico dans « Ess On Air », l’émission qui traite l’actualité au travers de l’économie sociale et solidaire, l’actuel président du groupe mutualiste VYV et vice-président de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) est venu nous exposer sa vision et ses propositions pour l’économie sociale et solidaire de demain.

Il s’inscrit tout d’abord dans la continuité du travail accompli ces dernières années. « Je ne crois pas aux présidences de rupture », affirme-t-il d’entrée de jeu. Mais le contexte économique, réglementaire, fiscal, tant en France qu’au niveau et européen, ne cesse de bouger « Ce qui est nécessaire, ajoute-t-il, c’est que nous soyons attentifs au bruit du monde, que nous soyons des acteurs de la transformation de nos sociétés ».

Au sein même de l’économie sociale et solidaire, les lignes bougent également. À ceux qui souhaiteraient remettre sur la table la définition des critères d’appartenance à l’ESS, il répond habilement : « Nous sommes très attachés à l’article 1 de la loi sur l’économie sociale et solidaire, il est important de préserver cet article. Mais, pour autant, nous vivons dans une société où les entreprises sont également interpellées sur leur responsabilité sociale et écologique : il est important que l’ESS ne regarde pas cela de loin, mais que l’on puisse accompagner ces transformation des modèles économiques, tout en affirmant notre identité

L’ESS, un rempart contre la financiarisation

Surtout, il propose de structurer ESS France « autour d’un Parlement des acteurs de l’ESS », dans lequel les cinq branches de la famille – associations, coopératives, fondations, mutuelles, entreprises d’utilité sociale – trouveraient le moyen d’exister davantage et de revendiquer leur appartenance à l’ESS. Ce Parlement de l’ESS, dont Stéphane Junique n’a pas véritablement dessiné les contours, serait un instrument d’animation politique interne, dont la vocation sera se stimuler le sentiment d’appartenance au mouvement progressiste qu’incarne l’ESS.

Dans cette interview, Stéphane Junique insiste également sur l’importance de défendre une loi de programmation budgétaire, permettant à l’ESS d’être dotée des crédits suffisants pour son développement. Il affirme aussi que l’économie sociale et solidaire doit s’ériger en « rempart contre la financiarisation » d’activités économiques tournées vers l’humain et convoitées par le secteur privé lucratif, telles la petite enfance ou la dépendance.

Enfin, il défend son envie de faire émerger demain les « nouveaux visages de l’ESS », à commencer par des visages féminins. A l’heure du renouvellement de la présidence d’ESS France, trois candidatures se sont exprimées, toutes masculines : celles de Stéphane Junique, de Damien Baldin et de Benoît Hamon (tous trois ont été invités par Mediatico).

Stéphane Junique, pour sa part, est infirmier de métier. Devenu administrateur de Harmonie Mutuelle en 2008, il en a pris la présidence en 2016. Il a ensuite participé à un mouvement de rapprochement avec d’autres mutuelles pour constituer le Groupe VYV, dont il est désormais le président.

Le conseil d’administration d’ESS France élira son prochain président le 10 avril. Son mandat débutera deux mois plus tard, lors de l’Assemblée générale d’ESS France prévue le 12 juin 2024.

Découvrez la vidéo de l’interview