Propos recueillis par la Tribune. Découvrir l’article en intégralité.
OPINION. Difficile pour une entreprise de ne pas ressentir l’onde de choc politique qui traverse notre société. Difficile de faire comme si les débats sociétaux, conflictuels et polarisés, s’arrêtaient aux frontières de l’entreprise. Stéphane Junique, militant mutualiste et Président du Groupe VYV, plaide en faveur d’un pacte inédit de gouvernance démocratique des entreprises.
Les citoyens souhaitent avoir leur mot à dire sur les décisions de la puissance publique. Il en va de même pour l’économie : la vision horizontale et coopérative s’impose. Au sein d’un univers mutualiste, cela peut prendre des formes originales, en empruntant directement à la démocratie participative. Au moment où le débat public se sent menacé par les extrêmes, il est de notre responsabilité de bousculer les modèles de co-construction au cœur même de l’entreprise. C’est pourquoi nous avons décidé, au sein du Groupe VYV, de réaliser une première dans un contexte d’entreprise privée : adapter le processus de la Convention Citoyenne pour le Climat aux réalités et spécificités du fonctionnement en entreprise, en créant une Convention interne des salariés et des élus du groupe sur le thème Santé et Environnement. Le dérèglement climatique et la crise de la biodiversité ont en effet un impact méconnu sur notre santé. Travailler à la pleine santé de nos concitoyens nécessite en conséquence de transformer la manière de réfléchir et de collaborer.
Le principe ? Tirer au sort 60 collaborateurs et militants élus représentatifs de la diversité des personnels. La méthode ? Les réunir sur un temps long, dans un format purement délibératif au travers de quatre rendez-vous d’une journée chacun, avec un « droit à l’information » assuré par des experts pouvant être recommandés par les tirés au sort eux-mêmes. Cette démarche s’appuie sur une double conviction :
- 1) C’est en important dans l’enceinte même de l’entreprise les méthodes issues du champ civique et démocratique que nous réussirons à mobiliser et à engager différemment, et plus fortement, nos parties prenantes internes et externes.
- 2) C’est en traitant de façon démocratique les problèmes qui dépassent le cadre étroit de l’entreprise, c’est-à-dire en redonnant aux salariés-citoyens et aux élus-citoyens un pouvoir d’agir sur des thèmes qui relèvent de l’intérêt général, que nous réussirons à insuffler l’énergie nécessaire et la volonté de changement. Les mutations ne sont jamais le fait d’une décision verticale, elles sont le fruit du consentement à y répondre de la part des parties impliquées.