La réalisation d’un bilan carbone étendu a constitué le point de départ de la stratégie climat mise en place par le Groupe VYV. Un an après, où en sommes-nous ?
Il faut d’abord commencer par dire qu’aujourd’hui, toutes nos entités ont réalisé leurs bilans carbone respectifs, ce qui est un point fondamental. Grâce à ce bilan, chacune a pu identifier la stratégie de décarbonation qu’elle sera à même de mettre en œuvre, associée à un plan de transition qui s’appuie sur la méthode Act pas à pas de l’ADEME, notre partenaire sur ce sujet.
Le cœur de notre travail aujourd’hui porte sur notre stratégie climat. Nous avons déjà annoncé notre volonté de devenir exemplaires en matière d’empreinte environnementale et il est donc crucial que chacune de nos entités ait un niveau de maturité important sur ces sujets. C’est grâce à cette maturité que nous atteindrons l’exhaustivité la meilleure en matière de couverture du bilan carbone. Cela touche évidemment à nos politiques d’investissements, mais cela concerne aussi, plus globalement, l’ensemble de nos postes.
L’un des corollaires à l’atteinte de notre ambition est de pouvoir désormais préciser les données dont nous disposons pour nous mettre en capacité de piloter notre stratégie. A ce titre, il faut savoir que les bilans sont traduits en euros, ce qui peut se comprendre puisque cela permet de faire apparaître le poids financier de ces enjeux. Mais il nous serait plus profitable en termes de pilotage de disposer de ces éléments sous forme d’émission de carbone pure. En effet, le simple effet de l’inflation peut totalement masquer les efforts accomplis et les résultats des actions mises en place. Or, il est important que ces bilans soient le reflet le plus fidèle possible de nos actions.
Enfin, je dirais que nous devons, sur ces sujets, gagner en productivité afin d’être en mesure de répondre aux enjeux de la directive CSRD que nous devrons avoir complétée pour février 2025.
Avant de parler précisément de la CSRD, diriez-vous que notre bilan carbone est meilleur aujourd’hui que l’an dernier ?
Il est clairement trop tôt pour pouvoir constater des progrès et nous ne pouvons pas considérer que notre bilan traduise réellement les efforts entrepris. Mais nous sommes sur la bonne voie. Tout est désormais en place et nous sommes de plain-pied sur le chemin de la décarbonation. Mais nous devons tenir compte de plusieurs éléments qui complexifient la démarche, à commencer par le fait que nous sommes un groupe et que toutes nos entités n’ont pas rigoureusement avancé au même rythme. La plupart d’entre elle ont réalisé leur premier bilan carbone l’an dernier (sur les chiffres 2022) et on sait d’expérience qu’un temps est nécessaire pour mettre en place la meilleure stratégie et ensuite, pour voir les premiers résultats apparaître.
J’ajouterais aussi que nous avons été plus exhaustifs dans les postes d’émissions couvertes et que mathématiquement, notre bilan s’est un peu alourdi. Enfin, n’oublions pas que les dépenses de santé ayant sensiblement augmenté, cette augmentation a aussi impacté notre bilan carbone.
Le Groupe VYV va publier son premier reporting de durabilité CSRD en février 2025, quels impacts cette nouvelle obligation a-t-elle eu sur le Groupe ?
Un mot d’abord pour expliquer ce qu’est la CSRD. Il s’agit d’une directive européenne relative à la publication d’informations en matière de durabilité des activités des entreprises. (En anglais : Corporate Sustainability Reporting Directive). Elle concerne toutes les dimensions environnementales, sociales et de gouvernance.
Cela étant dit, il me semble qu’il y a deux volets à la CSRD. Le premier est le document lui-même. Il s’agit d’un document complexe, rédigé en anglais et pensé pour des entreprises de production, notamment des industriels. Bien évidemment, le concept mutualiste dans lequel nous évoluons n’est pas le plus répandu à l’échelle mondiale et je mentirais si je disais que nous avons été particulièrement à notre aise pour nous emparer du sujet… Mais nous sommes désormais en bonne voie ! Cela nous a demandé (et nous demande encore) beaucoup de travail et d’engagement, un travail collectif avec les métiers, les maisons, et un copilotage avec l’équipe UMG de la Direction Financière. Mais nous tenons absolument à être au rendez-vous et surtout, autant que possible, à être proactifs dans ce nouvel exercice.
Le second point, c’est l’opportunité que représente cette obligation légale. Ce qui nous apparaît comme une contrainte arrive à un temps clé de notre propre réflexion sur les leviers d’atténuation et d’adaptation dont nous disposons face au contexte du dérèglement climatique et de la dégradation de la biodiversité. La CSRD nous pousse, nous et de nombreuses autres entreprises, à prendre une trajectoire et nous contraint à nous aligner avec les attendus européens et les Accords de Paris. Dans la mesure où nous souhaitons devenir exemplaires en la matière, la moindre des choses est bien que nous soyons au rendez-vous.
La CSRD va nous amener à examiner certains points que nous avions pu ignorer ou minimiser mais sur lesquels nous devons néanmoins nous engager. C’est un exercice de transparence et une nouvelle exigence qui doivent pouvoir pousser les entreprises éligibles à s’engager dans un plan de transition écologique, social et adapter leur gouvernance à cet égard qui pose aussi un niveau d’exigence très fort.
Quelles sont désormais les prochaines étapes ?
Il faut distinguer les différents métiers du groupe, car tous ne sont pas à égalité d’avancée dans leur réflexion ou dans la mise en place des actions.
Pour ce qui est du métier de l’assurance, l’objectif est de finaliser les plans d’action liés à la stratégie climat et les mettre en œuvre. La réussite de cette entreprise reposera beaucoup sur les interactions existant au sein de notre groupe, métier par métier. Nos entités sont particulièrement interdépendantes sur de nombreux piliers de ce métier, et notre succès global reposera sur la réussite de chacune.
Même si les métiers de l’assurance sont bien avancés et bien positionnés, certains sujets restent encore à traiter en profondeur : j’évoquais à l’instant la question de l’adaptation, mais il y a aussi celui de la biodiversité pour lequel nous disposons à date de moins de repères tangibles. Bien sûr, nos activités ne nous amènent pas à déverser des substances chimiques dans les rivières, mais l’étendue de nos interactions fait que nous devons agir partout où cela est possible, notamment parce que ce sujet est éminemment systémique.
Concernant les autres métiers, je commencerai par celui du soin et de l’accompagnement au travers de VYV3, pour qui le sujet de la CSRD ne sera d’actualité qu’en 2026. On peut considérer que l’urgence est moins forte. Pour autant, les travaux déjà bien avancés visant à préciser leur Bilan Carbone et l’aboutissement de la définition de sa Stratégie Climat seront précieux pour bien appréhender l’exercice du Rapport de Durabilité. Et les étapes qui y mènent seront plus faciles à franchir.
Le constat est sensiblement le même pour le Groupe Arcade VYV, notre spécialiste du logement, avec lui aussi une CSRD à publier pour 2026. Concernant leurs spécificités, je dirais que la difficulté technique est un peu plus soutenue en raison de la nature même de leurs activités, de la diversité de leurs métiers.