Ancien élu nantais, Stéphane Junique préside aujourd’hui ce groupe de santé et protection sociale qui protège un Français sur six – soit dix millions de personnes – et qui est très présent dans l’Ouest. Entretien.
Le Groupe VYV, né en 2017, entre autres de l’union de plusieurs mutuelles, est aujourd’hui le premier groupe mutualiste de France. Votre taille ne vous éloigne-t-elle pas de vos adhérents ?
L’union s’inscrit dans l’histoire du mouvement mutualiste. Nous sommes passés de 6 000 mutuelles dans les années 1980 à moins de 300. Le Groupe VYV protège aujourd’hui un Français sur six. Cette taille nous permet d’être dans la complémentaire santé, d’apporter de la protection à travers la prévoyance, l’assistance, l’épargne retraite, mais aussi de porter une activité d’offre de soins et d’accompagnement de proximité. Ce secteur concerne 35 000 de nos 45 000 salariés.
Nous sommes aussi quatrième opérateur du logement social. La marque VYV reste peu connue… Dans notre stratégie pour 2025, nous voulons la faire vivre d’une manière beaucoup plus forte, tout en gardant le nom des mutuelles, notamment des complémentaires santé. La marque sera déployée sur l’ensemble de nos activités. Je pense par exemple à l’assistance RMA qui fête ses 20 ans ou encore à Mutex (prévoyance).
Quel impact a l’inflation sur le Groupe VYV ?
En interne, nous voulons répondre par le dialogue social aux demandes légitimes des salariés. À l’échelle nationale, les dépenses de santé n’ont cessé de grossir. En vingt ans, elles sont passées de 140 à 272 milliards d’euros. Par an, l’augmentation est de plus de 3,4 % en moyenne. Cette tendance va se poursuivre, en parallèle des progrès médicaux, technologiques, du vieillissement de la population. Pour nos mutuelles, concrètement, les cotisations ne doivent pas dépasser l’inflation. Et on doit pouvoir garantir à nos adhérents des offres qui réduisent au maximum le reste à charge.
Des conflits ont secoué dernièrement vos établissements, notamment à Nantes, à la clinique Jules Verne. Les salariés réclament de meilleurs salaires…
Tous les établissements sont confrontés à la pénurie de personnel. Il y a une crise de la reconnaissance des métiers du soin. Pour notre groupe, 1 000 postes de paramédicaux sont à pourvoir, dont 342 pour les Pays de la Loire (sur 4 500 salariés). Mais une partie de notre activité est financée par les dotations publiques et est très réglementée. Un des enjeux est d’obtenir les enveloppes de financement nécessaires. Sinon, le risque est de devoir augmenter nos tarifs, ce qui pourrait pénaliser les patients ou mettrait les mutuelles en péril.
Êtes-vous favorable à l’égalité de traitement pour les personnels qui exercent dans les hôpitaux et ceux qui travaillent dans des établissements à but non lucratif, notamment les cliniques qui réalisent une mission de service public ?
Oui. Le groupe se bat pour un traitement non différencié entre les salariés du public et du privé à but non lucratif. L’hôpital public est très important mais il y a besoin d’une offre complémentaire, en partie assurée, aujourd’hui, dans les territoires, par nos établissements à but non lucratif. Justement, l’accès aux soins est un des axes prioritaires pour le Groupe VYV. C’est une priorité de contribuer aux réponses avec la communauté médicale et les territoires. Dans la région, depuis deux ans, nous avons ouvert, avec les professionnels et les collectivités, quatre services médicaux de proximité. Un à Cholet, deux en Mayenne et le dernier au Mans, en octobre. Cela a permis à 16 000 personnes d’avoir un médecin traitant. Au Mans, c’est le service médical de proximité qui est votre référent traitant. Cela répond à un vrai besoin. Le modèle du médecin traitant mérite d’être posé, afin d’être, peut-être, assoupli. Globalement, dans les cinq ans qui viennent, nous investirons cinq cents millions d’euros sur le développement de l’offre de soins et d’accompagnement.
Propos recueillis par Philippe Gambert.
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