Edito de François-Xavier Albouy paru dans Les Echos du 24 mars

L’imprévoyance nous confronte aux défis sociaux et économiques qu’elle provoque. Nous appelons à une prise de conscience et souhaitons lancer le débat.
Edito de François-Xavier Albouy paru dans Les Echos du 24 mars

Face à certains risques, la France et les Français sont imprévoyants. Et cette imprévoyance a un coût : 12 milliards d’euros chaque année. Cette somme, que nous avons calculée, c’est ce qui manque pour faire face de manière optimale au handicap, à l’invalidité longue, à la dépendance notamment.

Ces évènements, graves et tragiques, nous avons beaucoup de mal à nous y préparer car, spontanément, nous ne voulons même pas y penser, convaincus que nous sommes, de pouvoir les éviter.
Individuellement et collectivement, nous avons donc pris l’habitude de n’être prévoyant et de ne penser la prévoyance que face à ce qui est inévitable : la maladie, le chômage, la retraite et leurs effets.

Notre histoire s’est ainsi bloquée sur cette approche de la prévoyance après avoir pourtant vu franchies de grandes étapes : le passage de la charité à la prévoyance ; le règlement de la question de l’aléa moral ; l’organisation du rôle respectif de l’État et des sociétés de prévoyance. L’ensemble du dialogue social s’est figé, quant à lui, autour de la santé et de la retraite, ce qui était lié peu ou prou au travail, laissant de côté le reste.

Par-delà son coût annuel de 12 milliards d’euros, l’imprévoyance nous confronte aux défis sociaux et économiques qu’elle provoque :

  • la perte de chance pour l’éducation des enfants et donc de perte de croissance pour l’économie,
  • la perte de production et de développement pour le secteur médico-social, incapable de se moderniser et de permettre à notre société de faire face aux besoins réels et constatés,
  • la perte d’opportunité à organiser une économie durable de la dépendance.

Face à ces enjeux, c’est la responsabilité de chacun et de l’État qui est posée, mais aussi celle des entreprises.
Or, la responsabilité de ces dernières tend à se développer, jusqu’à être promue par des raisons d’être et des missions. Déjà présentes sur les thèmes classiques de la prévoyance, les entreprises pourraient incarner cette prise de responsabilité sociale renforcée en s’impliquant pour que les garanties de prévoyance soient complétées.

Nous appelons à une prise de conscience sur l’imprévoyance et souhaitons lancer le débat : sur le financement, sur les besoins, sur les impacts individuels et collectifs d’une meilleure prévoyance, sur les incitations permettant d’élever le niveau de protection de chacun. Le sujet est majeur et nous engage, individuellement et collectivement, tant le risque est grand de rester impensé et impréparé.

 

François-Xavier Albouy, est le directeur de recherche Chaire « Transitions démographiques, Transitions économiques » Fondation du Risque. Il accompagne l’observatoire de l’imprévoyance dans ses missions.

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