Propos recueillis pour les Echos. Découvrir l’article en intégralité.
En quoi le secteur de l’assurance santé et prévoyance est-il impacté par la crise environnementale ?
En tant qu’acteur mutualiste, le Groupe VYV protège 11 millions de personnes, l’équivalent d’une « mini France » où entreprises clientes et adhérents expriment de nouveaux besoins. Ces besoins sont notamment liés aux risques socio-écologiques, qui peuvent, par exemple, se matérialiser lors de crises caniculaires ou des pics de pollution, des phénomènes plus prégnants qui ont un impact sur la santé humaine. Dans ce contexte, il s’agit d’inventer une nouvelle protection sociale, et surtout de contribuer à la prise de conscience quant à nos vulnérabilités face à ces nouveaux risques. L’exposition aux polluants éternels coûterait jusqu’à 84 milliards d’euros aux systèmes de santé européens
Quelles sont les réponses à ces nouveaux risques ?
Il convient d’agir sur les déterminants environnementaux, dont les effets sur la santé ont également de lourdes conséquences économiques. L’exposition aux PFAS (polluants éternels, NDLR) coûterait chaque année entre 52 milliards et 84 milliards d’euros aux systèmes de santé européens.
En France, plus de 70 % des masses d’eau seraient contaminées par les pesticides. D’où la nécessité de mener des campagnes de sensibilisation sur ces sujets, en ciblant particulièrement les populations à risque, telles que les femmes enceintes et les nouveau-nés. Cela, sans négliger les autres déterminants de santé plus classiques, comme la nutrition, l’activité physique ou encore le logement.
Quels sont les enjeux dans le domaine du logement ?
L’espérance de vie s’élève à 49 ans pour les personnes ayant vécu dans la rue, contre 80 ans pour les autres, preuve que le logement constitue un déterminant de santé. La dégradation des matériaux utilisés dans la construction peut générer des problèmes sanitaires.
C’est la raison pour laquelle le Groupe Arcade-VYV porte, depuis 2022, le label « Mon Logement Santé », qui vise à garantir un habitat implanté dans un environnement promoteur de santé et offrant la qualité sanitaire du bâti. Pour ce faire, la santé constitue le fil rouge, depuis la construction jusqu’aux services avec, par exemple, de la lumière naturelle dans les cages d’escalier incitant à monter à pied, ou encore des prestations d’assistance aux habitants, comme la téléconsultation.
Quelles actions peuvent être déployées dans le domaine de l’alimentation ?
Nous avons la conviction que la sécurité sociale alimentaire , à savoir l’accès à une alimentation saine, fait aussi partie du rôle des mutuelles. Ainsi, nous soutenons diverses initiatives via un programme baptisé « Exploration(s) : l’innovation sociale dans l’alimentation », en vue de soutenir les expérimentations de l’économie sociale et solidaire. Autant d’actions qui répondent le plus souvent à divers enjeux, depuis la promotion d’une production locale, jusqu’à l’insertion professionnelle des personnes éloignées de l’emploi, à l’échelle des territoires.
Pourquoi l’échelle territoriale est-elle privilégiée ?
Les enjeux de santé s’incarnent à l’échelle des territoires. Agir à cette échelle permet également de développer des stratégies d’alliance avec les employeurs publics et privés, les collectivités, les professionnels de santé, etc. Illustration avec le projet « Jumeau Numérique ‘état de santé d’un territoire’, que nous portons avec la Région Normandie et le Health Data Hub , et qui consiste à étudier les données environnementales afin de mieux prévenir les allergies aux pollens.
L’objectif est d’analyser les corrélations et les mécanismes de causalité entre santé et pollens. À terme, l’ambition est que chaque expérimentation puisse déboucher sur des outils transposables dans les entreprises et les collectivités, pour les aider à modéliser leurs risques.
La santé mentale fait-elle partie des nouveaux enjeux ?
Les risques socio-environnementaux peuvent effectivement impacter la santé mentale. Aujourd’hui, près des deux tiers des Français disent craindre d’être exposés à des catastrophes naturelles, plus de 30 % de ceux qui y ont été confrontés rapportent des fragilités ou des troubles de santé mentale qui en découlent.
Il s’agit donc d’adapter nos garanties et de mieux positionner les services pour les personnes victimes. Plus globalement, il s’agit aussi d’orienter les investissements pour accompagner les évolutions de nos modèles de production et ainsi prendre soin de notre planète et de la santé de ceux qui l’habitent.