Prévoyance : un nouvel enjeu pour les organisations

Une étude de l’Observatoire de l’imprévoyance du Groupe VYV*, parue en juillet dernier, décrypte les attentes des employeurs publics, privés et associatifs en termes de prévoyance collective. Elle pourrait devenir un aspect clé de la politique sociale dans les années à venir.
Prévoyance : un nouvel enjeu pour les organisations
Date de publication : 26 septembre 2022

Gestion des talents, bien-être au travail, couverture santé… prévoyance collective ! Elle figure désormais au 4e rang de ce que les employeurs considèrent spontanément (à 28 %) comme les piliers de leur politique sociale, devant la création de lien social et la prévention. Une place étonnante pour un dispositif que le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM) qualifiait récemment “d’angle mort de la protection sociale”.

Outil de gestion RH

Car si la complémentaire santé s’est généralisée dans les entreprises depuis qu’elle est devenue obligatoire, la prévoyance reste un élément facultatif pour les non-cadres du privé. Cependant, les employeurs doivent se conformer a minima aux dispositions de leur convention collective. On est donc agréablement surpris de constater que près de 90 % des organisations ont déjà mis en place des dispositifs de prévoyance collective ou envisagent de le faire rapidement. Un employeur sur cinq prévoit en effet de renforcer la couverture prévoyance de son organisation et plus de la moitié de ceux qui n’en disposent pas (55 %) envisage de la mettre en place. La perception de la prévoyance collective devient également très positive. La moitié des organisations la considèrent désormais comme un outil de gestion RH. Elles perçoivent ses impacts bénéfiques sur le climat social dans la structure, sur son image, mais aussi sur ses performances et ses résultats.

Vision engagée ou vision subie

À l’opposé de cette vision engagée, l’autre moitié des employeurs n’y voit qu’une obligation. Mais au-delà des déclarations des uns et des autres, il est intéressant de constater que les organisations “engagées” enregistrent globalement sur cinq ans une hausse plus marquée de leurs effectifs et un turnover plus stable, mais aussi de meilleures progressions en termes de chiffre d’affaires et de rentabilité. L’aspect financier conduit lui aussi à un constat intéressant. Globalement, 76 % des employeurs interrogés considèrent que la prévoyance collective représente un coût important… Alors qu’un tiers d’entre eux sont incapables d’en estimer le montant et que 43 % seraient prêts à payer plus pour améliorer la protection sociale de leurs équipes !

Améliorer l’information

Il reste que la prévoyance apparaît encore trop souvent comme le parent pauvre de la protection sociale. Alors même que la notion – garantie des indemnités journalières en cas d’arrêt de travail, rente en cas d’incapacité, capital pour les ayants droit, rente pour le conjoint ou pour l’éducation des enfants en cas de décès… – échappe à beaucoup de salariés, 36 % des organisations ne communiquent pas sur leur couverture prévoyance. Si l’on peut donc se réjouir du fait que la perception de la prévoyance collective s’améliore, il reste manifestement beaucoup à faire pour expliquer et valoriser ces dispositifs auprès des collaborateurs.

 

*Enquête menée par téléphone par l’Observatoire de l’imprévoyance du Groupe VYV et l’institut Audirep du 28 octobre au 3 décembre 2021 auprès de 500 PME, 214 collectivités et 204 associations comptant entre 10 et 250 collaborateurs.

 

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Réforme des retraites : quel impact sur la prévoyance ?

Même si rien n’est encore acté, les spécialistes s’inquiètent déjà des effets du relèvement progressif de l’âge légal à 65 ans sur les régimes de prévoyance. Ils rappellent à juste titre que les précédentes réformes, notamment la réforme des retraites de 2010, avaient détérioré l’équilibre des régimes et entraîné des hausses de cotisations de 5 à 10 %. Car si le fait de travailler plus longtemps doit mécaniquement aider à financer les retraites et apporter un surplus de cotisations sociales, les salariés âgés seront aussi plus enclins à tomber malades, voire à être en arrêt ou en invalidité. Le cabinet d’actuariat Addactis évalue ainsi un impact sur le risque incapacité compris entre 15 et 20 %, entre 20 et 35 % sur le risque invalidité, et entre 17 et 28 % sur les arrêts de travail. Il estime également que le recul de l’âge de la retraite ferait augmenter de 1,5 million le nombre d’actifs de plus de 50 ans, et que la prévention deviendra un enjeu central pour maîtriser le risque et donc les hausses de coûts.

Fonction publique : la réforme de la PSC rebat les cartes

Après avoir longtemps été en retrait sur le sujet de la protection sociale complémentaire (PSC), la fonction publique va bientôt rattraper et même devancer le privé. La réforme de la PSC qui se met en place va en effet redéfinir les règles de participation des employeurs publics au financement de régimes collectifs de santé et de prévoyance. Pour la fonction publique territoriale, ce financement va devenir obligatoire : les collectivités devront verser au moins 7 euros par mois et par agent pour la prévoyance à partir de 2025. Pour la fonction publique d’État, les négociations sont en cours et il est encore trop tôt pour savoir si l’on va s’orienter vers une couverture collective obligatoire ou se limiter à des garanties facultatives, et surtout si l’employeur financera cette couverture. Ces mêmes négociations n’ont pas encore été entamées en ce qui concerne les hospitaliers mais en tout état de cause la réforme de la PSC devra totalement s’appliquer au 1er janvier 2026. Pour l’heure, malgré son caractère facultatif, il faut noter que 84 % des collectivités ont mis en place un régime de prévoyance facultatif et que la moitié de celles qui ne l’ont pas fait l’envisagent*.

 

*Données issues de l’étude Observatoire de l’imprévoyance/Audirep présentée dans l’article.

 

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